Rien de plus fragile que la faculté humaine d’admettre la réalité, d’accepter sans réserves l’impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu’il semble raisonnable d’imaginer qu’elle n’implique pas la reconnaissance d’un droit imprescriptible – celui du réel à être perçu – mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire. Le réel n’est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu’à un certain point : s’il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l’abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s’il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. Cet essai vise à illustrer le lien entre l’illusion et le double, à montrer que la structure fondamentale de l’illusion n’est autre que la structure paradoxale du double. Paradoxale, car la notion de double implique en elle-même un paradoxe : d’être à la fois elle-même et l’autre.
Je nage dans la partie basse du sablier, dont la transparence s’obscurcit, pour rester à flot de silice, si mouvante, et je scrute, sans appréhension, son flux de progression, de sa diaphane espérance, comme des gouttes de jouvence sur ma tête striée, en crin de cheval. Persistance du vide, si fluide de mystère, si inconstant : le seuil des quatre-vingts ans est franchi, l’ébullition du plein de vie soulève le couvercle. Cela passe écorché dans le goulot d’étranglement.
Le but de la vie est la découverte religieuse Cette manifestation intermédiaire du processus divin que nous appelons le code ADN a passé les 2 derniers milliards d'années à faire de cette planète un jardin d'Eden. Une toile complexe a été tissée, un tissu délicat de tissus de graines chimiques-électriques-organisme-espèce. Une harmonie dansante et joyeuse de transactions énergétiques est enracinée dans les 12 pouces de terre végétale qui recouvrent le noyau de feu de roche métallique de cette planète. Dans ce jardin d'Eden, chaque être humain naît parfait. Nous sommes tous nés des mutants divins, la meilleure réponse du code ADN à la survie joyeuse sur cette planète. Un package exquis pour l'adaptation basé sur 2 milliards d'années de recherche sur les consommateurs (ARN) et de conception de produits (ADN). Mais chaque bébé, bien que né parfait, se retrouve immédiatement dans un système social imparfait, artificiel, disharmonieux qui le prive systématiquement de sa divinité. Timothy Leary
Cette devise qui signifie : « Cordonnier, pas plus haut que la sandale. » est demeurée célèbre. Elle est adressée à ceux qui veulent donner leur avis sur des sujets pour lesquels ils n’ont pas de compétence. Pline l’Ancien raconte que lorsque le célèbre peintre grec Apelle exposait ses peintures, il avait coutume de se tenir derrière ses œuvres pour écouter les commentaires. Un jour, un cordonnier critiqua la manière dont Appelle avait peint une sandale. Dans la nuit qui suivit, le peintre retoucha sa peinture. Constatant les changements apportés, le cordonnier se trouva encouragé à poursuivre ses commentaires et se mit à redire du dessin de la jambe. Cela insupporta Appelle qui sorti de derrière le tableau et lança au passant (en grec évidemment, mais traduit en latin par Pline l’Ancie. En 1819, le célèbre essayiste britanique William Hazlitt, remplaça le mot supra par le préfixe ultra et créa le mot ultracrepidarian, devenu ultracrépidarianiste en français.
Rien de plus fragile que la faculté humaine d’admettre la réalité, d’accepter sans réserves l’impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu’il semble raisonnable d’imaginer qu’elle n’implique pas la reconnaissance d’un droit imprescriptible – celui du réel à être perçu – mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire. Le réel n’est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu’à un certain point : s’il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l’abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s’il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. Cet essai vise à illustrer le lien entre l’illusion et le double, à montrer que la structure fondamentale de l’illusion n’est autre que la structure paradoxale du double. Paradoxale, car la notion de double implique en elle-même un paradoxe : d’être à la fois elle-même et l’autre.